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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

Beth Hillel Beth Hillel Beth Hillel Beth Hillel

Ki tavo - Antonin Vital

La paracha explique que si les enfants d’Israël font le bien, ils seront comblés du fruit de leurs efforts. En revanche, s’ils se comportaient mal, Dieu ferait en sorte de les accabler de malheurs.

 

Notre texte va jusqu’à dire (Exode chapitre 28 verset 63): « Alors, autant le Seigneur s'était plu à vous combler de ses bienfaits et à vous multiplier, autant il se plaira à consommer votre perte, à vous anéantir; et vous serez arrachés de ce sol dont vous allez prendre possession. »

 

C’est un verset très dur, qui donne le sentiment que l’Eternel est un Dieu qui aime faire le mal, et qui aime se venger. Cela nous révolte, d’une part, et nous surprend, de l’autre.

En effet, nous connaissons la célèbre phrase du Prophète MiHa (Michée, chapitre 6, verset 8): « Homme, on t'a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi: rien que de pratiquer la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu! »

 

Dans ce passage, MiHa explique ce que dieu recherche: non pas obéissance et soumission, non pas pratiques rituelles et superstitions, mais bonté, justice et travail de collaboration avec les Hommes, qui doivent « marcher avec Dieu » et non pas se soumettre.

 

La phrase de notre paracha et celle du prophète MiHa sont en contradiction.

Le Dieu d’Israël est-il un dieu primitif assoiffé de vengeance, ou une entité qui appelle au meilleur de ce qui peut naître dans le cœur de l’homme ?

Le Dieu d’Israël est-il le Dieu qu’on voit dans la Torah ou celui dont parlent les prophètes ?

 

Le judaïsme, c’est avant tout la tradition orale, les commentaires rabbiniques de génération en génération.

Voyons ce qu’en pense Rachi, ce grand commentateur du début du moyen âge. Son commentaire va nous aider, et nous allons faire un petit voyage dans les subtilités de la pensée rabbinique!

 

Reprenons notre verset. Remplaçons la traduction du Rabbinat par une traduction plus littérale: « Et voilà, de même que l’Eternel réjouit ??? à votre propos, en étant bon avec vous et en vous multipliant, de même l’Eternel réjouira ??? à votre propos en vous perdant et en vous détruisant … »

 

L’Eternel réjouit QUI ? Le texte n’est pas clair !

Rachi, comme nous, ne peut pas accepter que Dieu se réjouisse du mal qui arrive à l’homme.

L’hébreu invite à lire le texte d’une façon différente: l’Eternel ne se réjouit pas du mal qui arrive à ses enfants. Dieu peut être contraint de donner une leçon aux enfants d’Israël, mais il ne le fait pas de bon cœur. Ce sont simplement les ennemis d’Israël, outils de cette leçon, qui seront réjouit. Ainsi, notre verset doit-il être lu de la façon suivante:

 

« Et voilà, de même que l’Eternel en personne se réjouit pour vous, en étant bon avec vous et en vous multipliant si vous faites le bien, de même l’Eternel serait malheureusement contraint de réjouir vos ennemis qui vous perdront et vous détruiront si vous faites le mal … »

 

Rachi souligne que Dieu lui-même se réjouit quand on surmonte les épreuves et qu’on s’entre-aide. Qu’on croit en Dieu ou non, c’est une façon très forte d’affirmer l’importance de ces valeurs.

 

Rachi, le commentateur, à interprété le sens du texte de la Torah et l’a mis en accord avec les belles paroles du Prophète MiHa.

 

Aujourd’hui, en tant que Bar Mitsva, je suis à la fois l’héritier du texte de la Torah, du texte des prophètes, et des interprétations rabbiniques. Je les lis et je veux me faire ma propre opinion, et en tirer des enseignements pour ma vie.

 

Je trouve que ce verset est très subtil sur le plan psychologique: On ne veut pas que nos ennemis se réjouissent ! C’est un moteur puissant dans les émotions humaines pour inciter les gens à faire le bien ! Comme si on travaille bien en classe exprès pour que son ennemi ne soit pas le premier de la classe !

D’autre part, on se sent valorisé par les récompenses venant des gens importants, ici, c’est Dieu lui-même qui sera heureux !

Ce ne sont pas des émotions très élevées, mais on peut dire que c’est efficace !

 

Je veux rappeler que dans le livre de l’Exode, existe la loi suivante: Si tu vois l’âne de ton ennemi égaré, tu dois le lui ramener. Si tu lui ramènes son âne, tu vas le réjouir !

Mais en même temps, tu auras fait le bien en restituant un objet à son propriétaire, et en semant les graines de la réconciliation.

Temporairement, ne pas faire plaisir à ses ennemis peut-être une motivation acceptable.

En fin de compte, c’est l’amour du bien qui doit être notre motivation principale.

C’est exactement ce que disait le prophète MiHa.

 

Comme le dit maman, chacun définit Dieu à sa façon personnelle.

Marcher humblement avec mon Dieu, pour moi, cela signifie marcher en accord avec mes valeurs, faire la justice, aimer la bonté.

 

Chabbat Chalom