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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

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Commentaire

Etincelles de Chavouot

June 9, 2011 12:

Savez-vous que Chavouot n'est pas mentionné explicitement comme Fête du Don de la Torah et que la date n'en est pas indiquée avec précision, comme c'est le cas pour les autres fêtes ?

"Au troisième mois de la sortie des enfants d'Israël d'Egypte, ce jour-là ils arrivèrent au Sinaï" (Ex. 19.1), sans plus de précisions, peut-être pour indiquer que s'il y eut bien la grandiose théophanie du Sinaï qui allait se graver à jamais dans la mémoire de tout le peuple, la révélation n'est pas un phénomène unique, elle est permanente.

Chaque fois qu'un Juif étudie, interroge, comprend, éclaire, aime et fait aimer l'antique texte et ses innombrables interprétations, c'est comme s'il recevait à nouveau la Torah du Sinaï.

Le nom de Chavouot désigne les sept semaines qui séparent la Libération de la Loi. Sept semaines, dont nous comptons les jours pour marquer le lien entre la Liberté et la Loi, qui en est le mode d'emploi. D'ailleurs, Chavouot est aussi appelé Atzeret, clôture, clôture de cet ensemble inséparable: Liberté-Loi. C'est la Torah, les règles du jeu de la vie, qui donnent sens, direction et valeur à notre liberté.

La Torah nomme encore cette fête Bikourim, les prémices. C'est en effet le début de la moisson des blés, les premiers blés. N'est-ce pas une façon de suggérer que la Torah, comme le blé, est la nourriture quotidienne de nos vies ?

Mais sept semaines entre les deux fêtes, pourquoi ? Peut-être un temps nécessaire de convalescence. Après quatre siècles d'esclavage, de dure servitude, il fallut ce temps pour que le peuple retrouve un minimum d’équilibre et de santé. Mais sept chabbatot, c'est aussi une image forte. Un vrai chabbat, c'est difficile à réaliser. Alors sept, c'est une difficulté à la puissance "n". Comprendre que la liberté n'a de sens positif que par la Torah, c'est très difficile d’y arriver et à intégrer.

Un autre aspect de Chavouot ne manque pas d'étonner. Chaque fête est rappelée par le faste de sa célébration, un objet qui y est associé. A Roch Hachana, nous avons le Shofar, à Kippour le jeûne, à Souccot la soucca et le loulav, à Pessach le seder, la haggada, les matzot. A Chavouot, rien. Une fête qui passe presque inaperçue. D'ailleurs, demandez aux enfants. Ils sauront quelque chose de Pessach, de Souccot et des autres fêtes, mais Chavouot est très souvent ignorée. Aucun objet n'y est associé. Une fête presque passée sous silence. Pourquoi? Peut-être pour nous rappeler que la Torah ne se fête vraiment qu'au bout de l'effort d'étude. C'est seulement à Simhat Torah, quand nous terminons le cycle des lectures, que l'on fêtera la Torah. La joie que donne la Torah doit se mériter. C'est le résultat d'un effort long et difficile.

Mais aucun objet, pourquoi? Peut-être parce que nos rabbis savaient qu'un objet associé à Chavouot s'identifierait à la Révélation et donc à D. lui-même, dont il serait, dans les mentalités et les têtes, comme une image.

Pensez à ce qui s'est passé dans le christianisme, où la croix, dont on sait à quoi elle servait, a fini par représenter, à s'identifier à D. ! Relisez le deuxième commandement.

Rabbi Abraham Dahan