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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

Beth Hillel Beth Hillel Beth Hillel Beth Hillel

Zakhor

Vous vous souviendrez

 Le souvenir est un enseignement de sagesse et un message d’amour. En veillant sur la mémoire des chers disparus, nous veillons sur le meilleur de notre pensée; jamais nous ne sommes plus près du vrai nous-même que lorsque nous sommes près d’eux.
De les avoir connus et de les avoir aimés nous est une élévation. Le souvenir secoue la poussière du tombeau, le culte des regrets est un rachat du sépulcre : la vraie mort, c’est l’oubli.

A l’heure suprême, ce leur fut une consolation de s’endormir sur l’assurance d’avoir été mieux que de simples passants, puisqu’ils devaient trouver le bon asile de notre cœur qui se remémore et qui s’enchante du nom aimé comme d’une bénédiction. Et puis, le souvenir, en nous rendant plus saisissantes la brièveté des jours et la soudaineté des séparations, nous rappelle que le temps nous est mesuré pour faire le bonheur de ceux que nous chérissons, qu’un moment viendra où nous nous reprocherons de ne les avoir point suffisamment aimés. Donc, hâtons-nous d’envelopper de tendresse tous ceux qui sont chers à notre cœur, ne négligeons à leur égard aucune occasion de bonté et de dévouement ; la mort peut nous les enlever d’un instant à l’autre.

Le souvenir évoque aussi pour nous le mystère que pose la tombe : quelle pensée ne serait saisie d’abord devant ses troublantes énigmes ?
Oh ! Combien nous nous sentons petits et fragiles et combien âpres est le sentier que gravit la dolente caravane des générations ! Nos jours s’égrènent comme une grappe sous les doigts avides du Temps.
Notre cœur est pressé d’angoisse et notre âme se déplie en une plainte qui se prolonge.
Ta justice, ô Arbitre des destinées, est pour notre court entendement comme le sommet de monts inaccessibles, comme le fond d’insondables abîmes.
Tu as permis que la douleur fût. Nous ne demandons pas que toute peine nous soit épargnée : un bonheur sans mélange nous dessècherait et nous affadirait.
La souffrance est nécessaire pour mûrir l’intelligence, attendrir le cœur, tremper l’énergie.
C’est sous l’entaille de la blessure que l’arbre verse son baume.
Cependant, écarte de nous les épreuves trop cruelles, et, si l’adversité s’abat sur nos têtes, donne-nous la force intime qui empêche de s’abandonner, et que la souffrance nous soit une occasion de nous amender et de nous ennoblir.