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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

Beth Hillel Beth Hillel Beth Hillel Beth Hillel

Yom haShoah

Différents offices commémoratifs de nature plus générale ont été introduits au cours des récentes décennies. Le Yom ha-Shoah (Jour du génocide) est observé dans les synagogues libérales, le 27 Nissan en Israël et le 19 avril en diaspora. Quelques communautés célèbrent également un office spécial à la mémoire des martyrs du soulèvement de Varsovie (1943) contre les nazis. On observe en Israël le Yom ha-Zikkaron (Jour du Souvenir), le 4 Iyyar, en l'honneur des morts tombés pour la défense de l'Etat. Des flammes du souvenir à chacune de ces occasions solennelles et tous les noms des victimes de la communauté y sont lus.

Les livres de prières contemporains commencent à se faire l'écho de la catastrophe majeure qu'a connu l'histoire juive au 20ème siècle: la Shoah. Dès 1961, les livres de prières des mouvements conservateur et libéral ont prévu des offices commémorant cet évènement.

Lecture publique des noms des déportés juifs de France

C'est à l'occasion du Yom ha-Shoah de 5751 (17 avril 1991) que la communauté du MJLF (Mouvement Juif Libéral de France) a institué la lecture sur la place publique, durant 24 heures ininterrompues, les noms des déportés juifs de France pendant la période 1942-1944. Cette lecture n'a été possible que grâce au magistral Mémorial de la déportation des Juifs de France réalisé sous la direction de Maître Serge Klarsfeld.

Lors de la commémoration, nous passons une nuit et une journée complètes à réciter et écouter inlassablement les noms des 76.000 de nos frères et sœurs, vieillards, hommes, femmes, enfants et nourrissons qui furent sauvagement arrêtés, parqués et déportés, en quelque quatre-vingts convois, de France vers les camps d'extermination nazis, principalement Auschwitz.

Pourquoi avoir décidé cette lecture publique qui a été, depuis, reprise par d'autres communautés de province ? (En Belgique, la communauté de Beth Hillel procède à la même commémoration).

Nous le faisons pour redonner une identité à ceux que l'on a cruellement arrachés à leur famille, à leur pays, à leur destin pour les entasser à Drancy, Compiègne, Pithiviers ou Beaune-la-Rolande, avant de les déporter dans d'effroyables conditions vers les camps d'extermination nazis. Il nous semble normal qu'une fois par an au moins, les rues de Paris résonnent du nom de ces Juifs anonymes qui moururent de et dans l'indifférence des hommes, de la perversité du régime nazi et de la collaboration empressée du gouvernement de Vichy. Des noms, rien que des noms. Mais chacun renferme un univers entier qui a été brutalement détruit.

La lecture de ces noms est entrée dans notre vie communautaire comme l'un de ses grands moments annuels, au même titre que les fêtes de Tishri ou de Pessah; et c'est exactement ce que nous souhaitions lorsque nous l'avons instituée: nous voulions que soit ritualisée la commémoration des évènements de la Shoah. 

 

Rabbin Daniel Fahri (MJLF Paris) 

Anthologie du Judaïsme Libéral (Ed. Parole et Silence)