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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

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A l’ombre du tamaris par Pauline Bebe

" À l’ombre du tamaris, on se pose et on se repose d’un voyage sous le soleil du désert, on goûte à la fraîcheur de l’ombre, on arrête la course effrénée du temps, pour respirer, écouter. " C’est par cette phrase que le rabbin Pauline Bebe " ouvre " son livre. Après 20 années de rabbinat au service de sa communauté, elle s’est décidée à publier les " drashot " (homélies) prononcées à l’occasion des Fêtes d’automne.

La bibliographie en français du judaïsme libéral n’est pas composée de titres très nombreux, c’est pourquoi nous devons nous réjouir lorsque le rabbin d’une communauté qui nous est proche publie un ouvrage permettant d’enrichir notre compréhension des problèmes qui touchent notre vie quotidienne.

En 350 pages, Pauline Bebe traite, dans un style simple et clair, une quarantaine de sujets, parmi les    plus fréquemment évoqués lorsque le judaïsme libéral expose ses positions en matière d’éthique. Des thèmes parfois vastes, intitulés : " écrire le livre de sa vie ", " pourquoi rester juif ? ", " la liberté ", " hier et demain ", mais aussi des sujets très précis et d’une importance capitale pour le comportement de chacun d’entre nous dans la vie de tous les jours : " le bonheur ", " le rire ", " le devoir d’aimer ", " l’écoute ", " l’amour ", " la passion ", " l’ennui "....

Les chapitres, concernant chaque thème, sont courts et ne prétendent pas être exhaustifs. Ils contiennent des réflexions qui visent la quête du sens de chaque enseignement. " Moïse, descendu  de la montagne, sommet spirituel, amène de la spiritualité dans la vallée, dans le quotidien : des mots, des lois, l’écriture, la réflexion… Le judaïsme nous dit de trouver une permanence dans l’éphémère. Oui, chaque instant de la vie est unique et ne peut être reproduit, chaque personne, chaque rencontre, chaque regard portent en eux une capacité à vivre dans le futu… Nous sommes un peuple qui se souvient et bâtit." (p.173).

Prenons à titre d’exemple le chapitre intitulé " Le bonheur ". Qu'est-ce que le bonheur pour un Juif ? Pauline Bebe raconte l’histoire rabbinique suivante : " Le roi Salomon demanda à un bijoutier de lui fabriquer une bague magique qui le réconforterait quand il serait déprimé et l’assagirait lorsqu'il serait  trop joyeux. Le bijoutier confectionna une telle bague: les mots suivants s’y trouvaient gravés : gam zou ya’avor (cela aussi passera !)". Alors le bonheur pour un Juif n’existerait-il pas ? D’autant plus que, dit Pauline Bebe, " il suffit d’écouter les informations quotidiennes pour constater que la vie est une tragédie permanente: les massacres, la misère, le terrorisme, l’exploitation, les accidents sont autant de fléaux qui secouent notre monde. Les tragédies personnelles sont également nombreuses, la perte d’êtres chers, les maladies, les difficultés dans les relations avec les autres, les divorces, la perte d’un travail… (p.62) Or, notre tradition ne prône ni le martyre, ni l’illusion, ni l’indifférence. Elle reconnaît la souffrance sans toutefois renoncer à la poursuite du bonheur (p.63). Elle associe le bonheur à la fois à la connaissance et à l’action, faire le bien autour de soi… Le bonheur vient lorsque nous donnons de nous-mêmes pour aider les autres à être heureux… Le bonheur ne se situe pas dans le domaine de l’avoir mais de l’être. L’amitié, la gentillesse, la compréhension sont autant de richesses que nous pouvons offrir à notre prochain… (p.67).

En cherchant dans mes notes de lecture  des citations que je pourrais ajouter à ma recension pour vous convaincre d’acheter ce livre, le choix m’apparaît difficile. Chaque chapitre est une méditation, une méditation exposée très simplement, mais qui invite le lecteur à la poursuivre pour aller plus loin. " À l’ombre du tamaris " est un livre à déposer sur votre table de chevet, à consulter régulièrement. Un livre simple et riche, profond et direct, un livre positif qui permet de se sentir de plus en plus profondément en harmonie avec le judaïsme tel qu’il devrait être vécu, tel qu’il est dans son sens et dans son essence. Et Pauline Bebe de citer " L’Essence du judaïsme " de Leo Baeck : " Le judaïsme a créé le « prochain » et avec lui la conception de l’humanité dans son vrai sens, celui de l’estime pour la dignité humaine, et la révérence du Divin pour tout ce qui porte visage humain " (p.106).

Monique Ebstein