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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

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Commentaire

Janusz Korczak : aimer les enfants jusqu’à l’héroïsme

March 11, 2013 12

par Henri Lindner

La République de Pologne a décidé d’appeler 2012, l’année « Korczak », en mémoire de Janusz Korczak, Henryk Goldszmit de son véritable nom. La contribution de cet homme à la pédagogie et à l’enseignement est non seulement inoubliable, mais elle est également « ineffaçable » !

Je ne suis ni éducateur ni pédagogue, mais j’ai eu la chance, sans m’en rendre compte au moment même, d’en profiter. En 1930, quand j’avais 10 ans, mes parents m’ont inscrit comme élève à l’athenée « Gimnazjum im. Magnum Kzynskiego » (Collège au nom de Magnus Kzynski, le fondateur). Elle avait été fondée après la guerre 14-18 et était la plus « polonisée » des écoles juives de Varsovie. Quand je suis arrivé, le directeur en était Michal Kzyncki, le fils du fondateur. Comme son père, il s’était intéressé à toutes les nouveautés pédagogiques de son époque, allant même jusqu’à voyager et faire des stages à l’étranger. Ensuite, il s’est spécialisé dans la pédagogie mise au point par Korczak. Korczak est le 22 juillet 1878, et est décédé à Treblinka en août 1942. Il a travaillé comme médecin, pédagogue, théoricien de l’éducation, écrivain et militant social. Il était aimé et respecté de tous ceux qui l’ont connu.

En 1912, il a collaboré à la fondation de l’orphelinat juif à Varsovie, situé rue Krochmalna.

C’était l’un des quartiers les plus pauvres de la ville. Korczak y fut directeur jusqu’en 1942. En 1919, il fut le co-fondateur de l’orphelinat pour enfant polonais (chrétiens) dont il fut le co-directeur jusqu’en 1926. Il a élaboré un système original d’éducation en internat. Le rôle principal y était dévolu aux formations et activités à caractère social.

Korczak a donné de nombreuses causeries à la radio, destinées tant aux enfants qu’aux adultes. Il a collaboré à deux publications : « Dans le soleil » et « Ecole spéciale ». il fut le rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Petite revue » qui publiait presque exclusivement des écrits des enfants et des adolescents de tous âges. De plus, il fut l’auteur d’ouvrages à caractère pédagogique comme : « Moments éducatifs », « Comment aimer l’enfant », en deux volumes, « Droit de l’enfant au respect », « Règles de la vie », « Pédagogie pour adolescents et adultes », « Pédagogie rigolarde »,

« Bobo », « Quand je redeviendrai petit ». De plus, Korczak a publié des romans à caractère socio-pédagogique : « Enfant de la rue », « Un enfant du salon », « Youśki, Janki, Franki », « Jośki, Mośki, Sroule », « Le roi Mathias Ier », « Mathieu sur une île déserte », « La faillite du petit copain », ainsi qu’une pièce de théâtre « Le sénat des fous ». Enfin, il nous a laissé un journal de sa vie passée au ghetto.

Personnellement, je ne l’ai jamais connu. J’ai lu tous les romans qu’il a écrits, que dis-je, je les ai DEVORES ! Grâce à ses idées et grâce au directeur de notre école qui y adhérait pleinement, j’ai connu à l’école des élections, des comités, différents groupes d’activités socioculturelles, telle la troupe théâtrale dont je faisais partie. Nous donnions un spectacle deux fois par an. Les pièces étaient tirées d’un roman et nous faisions la composition nous-mêmes, avec l’aide d’un professeur. Il en allait de même pour la mise au point du jeu, de la présentation. Le professeur suggérait, proposait, mais les élèves donnaient leur accord et avaient le dernier mot. J’ai eu la chance et le plaisir d’être l’un de ces acteurs.

Ce que je vous raconte à propos de l’activité de Korczak et de son histoire est tiré d’un livre écrit en polonais par Israël Zyngman « Janusz Korczak wśród sierot » (Janusz Korczak parmi les orphelins). L’auteur, orphelin,  a passé son enfance dans un orphelinat juif.

Ce livre a été édité par le Comité pour la sauvegarde de la mémoire de Janusz Korczak en Israël, et imprimé en 1976 par l’imprimerie Orly de Tel-Aviv.

Il m’a été offert en 1978. Je l’ai relu pour écrire cet article, et j’ai eu beaucoup de mal à m’en détacher, comme la première fois, il y a 34 ans. L’auteur, dont le diminutif du prénom en polonais était « Stasiek » y raconte ses nombreuses discussions, explications et mésententes avec son directeur, finalement bienaimé : Korczak. Cet ouvrage jette une lumière nouvelle sur l’auteur de ces romans dont j’étais si friand.

Korczak a accompagné ses orphelins condamnés à mourir à Treblinka. Il a rejeté la proposition d’un officier SS sur L’Umschlagplatz d’être épargné et de recevoir de faux papiers. Il est parti et est mort avec ses enfants, pour qui il a sacrifié sa vie.

Quelques sites internet intéressants :

http://2012korczak.pl

http://korczak.info

http://infos.korczak.fr

http://frwikipedia.org/wiki/Janusz_Korczak

http://korczak.fr