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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

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Commentaire

Metsora

April 6, 2011 2:

Dans quelques jours nous célèbrerons Pessah. Cette nuit où nous revivrons la sortie d’Egypte ne prend de véritable sens que lorsque nous sommes capables de transposer l’histoire millénaire de notre libération à notre monde moderne ; nous devons participer à la libération de nos contemporains, y compris nous libérer nous-même des dépendances que nous nous créons. L’accomplissement des mitsvot est le moyen que nous avons pour nous sanctifier et pour sanctifier nos vies, pour apporter un peu du projet divin dans notre monde. 

La parasha de cette semaine, Metsora (Lev 14-15) peut nous paraître bien éloignée de cet objectif. Metsora est la continuation de Tazria ; comme la sidra de la semaine dernière elle énumère les différents types « d’impuretés » que nous pouvons contracter, et comment nous en débarrasser.

Les commentateurs ont de tous temps éprouvé des difficultés pour expliquer le sens de ces « impuretés ». Nous avons pris l’habitude de traduire tsara’ah, צרעה, par lèpre, mais il s’agit en réalité de  toute une série d’affection dermatologiques comme l’eczéma ou le psoriasis. Si ces affections sont bien moins grave que la lèpre, elles n’en sont pas moins impressionnantes, comme le constata Moïse lors de l’épisode de buisson ardent (Ex 4.6-7). Il n’en reste pas moins que le lien entre certaines affections et l’état de pureté reste difficile à comprendre. De nombreux commentateurs ont noté que Myriam était punie par une telle tsara’ah pour avoir médit de la femme de Moïse (Nombres 12) ; de là ils ont essayé d’établir un lien entre « l’impureté » et notre état d’impureté morale ; cela est loin de pouvoir expliquer nombre d’autres impuretés mentionnées dans Metsora.

Parmi les autres causes « d’impureté » figurent des actes naturels et même liés à la réalisation de mitsvot auxquels il n’est pas possible d’associer la charge négative du mot « impureté » ou même de « souillé » que l’on trouve dans certaines traductions. Si au fil du temps, la tradition a fait de la menstruation une impureté particulière, la Torah lui confère la même nature que « l’impureté » liée à la naissance, ou aux relations conjugales. Dans la Torah cette « impureté » s’applique d’ailleurs de la même manière aux hommes et aux femmes, seule l’intensité varie d’un cas à l’autre.

Dans la Torah, impur ne signifie pas mauvais ou souillé, l’impureté entraine seulement l’impossibilité pour la personne concernée de s’approcher du sanctuaire. Il n’est pas mauvais d’être impur, il est seulement requis de savoir quand nous sommes « purs » ou « impurs », et donc si nous pouvons nous approcher du sanctuaire.

Metsora et Tazria essayent de codifier l’effet des fonctions naturelles autour de la procréation, à la limite de la vie et de la mort, sur ce que l’on traduit par pureté ; nos ancêtres cherchaient à comprendre ce qui nous rapprochait et nous éloignait de l’Eternel. Leur compréhension nous apparait difficile, étrangère même, mais leur quête est la même que la nôtre aujourd’hui lorsque nous nous rendons à la synagogue ou lorsque nous accomplissons une mitsvah. Comme nos ancêtres hier, nous cherchons avec nos moyens à nous rapprocher de l’idéal vers lequel la Torah nous guide.

Shabbat Shalom

Marc Neiger